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Autriche : Polémique autour d'un chant nazi à la veille des élections

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À la veille des élections législatives en Autriche, un incident impliquant un chant nazi lors de funérailles d'un ancien élu d'extrême droite suscite l'indignation. Le FPÖ, favori des sondages, fait face à de vives critiques.

À la veille des élections législatives en Autriche, un incident controversé a secoué la scène politique. Le 28 septembre 2024, le quotidien autrichien Der Standard a rapporté qu'un chant nazi avait été entonné lors des funérailles d'un ancien élu du Parti de la liberté (FPÖ), formation d'extrême droite. Cette révélation a provoqué une onde de choc dans le pays, ravivant les débats sur l'héritage historique et les valeurs démocratiques de l'Autriche.

Le FPÖ, fondé en 1956 par d'anciens membres du parti nazi, se trouve actuellement en tête des sondages avec 27% des intentions de vote, devançant de peu le Parti populaire autrichien (ÖVP) au pouvoir, crédité de 25%. Cette situation politique tendue intervient dans un contexte où l'Autriche, membre de l'Union européenne depuis 1995, s'efforce de concilier son passé complexe avec ses aspirations démocratiques modernes.

Herbert Kickl, le leader du FPÖ, a fait l'objet de critiques pour sa rhétorique controversée durant la campagne. Il s'est notamment qualifié de futur "Volkskanzler" (chancelier du peuple), un terme rappelant la désignation d'Adolf Hitler dans les années 1930. Cette utilisation de termes chargés d'histoire a ravivé les inquiétudes concernant les orientations idéologiques du parti.

L'incident des funérailles, où des participants auraient chanté des paroles évoquant "le saint Reich allemand", a suscité de vives réactions. L'Union des étudiants juifs autrichiens (JÖH) a déposé une plainte, qualifiant la vidéo de l'événement de "sonnette d'alarme pour l'Autriche". Cette affaire rappelle les défis auxquels le pays fait face pour préserver sa démocratie, établie après la période d'occupation alliée de 1945 à 1955.

Les partis politiques de tout le spectre ont condamné l'incident. L'ÖVP a réaffirmé son refus de coopérer avec Kickl pour former un gouvernement, soulignant ses liens présumés avec des extrémistes de droite. Le Parti social-démocrate d'Autriche (SPÖ) a quant à lui exprimé ses inquiétudes quant à la compatibilité du FPÖ avec un État démocratique.

Cette controverse s'inscrit dans un débat plus large sur l'identité et l'avenir de l'Autriche. Avec une population d'environ 9 millions d'habitants et une économie sociale de marché, le pays cherche à maintenir un équilibre entre sa tradition de neutralité en politique étrangère et son engagement envers les valeurs européennes.

Le FPÖ, régulièrement accusé de racisme et d'antisémitisme, a nié toute implication dans l'organisation des funérailles, les qualifiant d'événement privé. Cependant, cet incident soulève des questions sur la capacité du parti à se distancier de son passé controversé et à s'intégrer pleinement dans le paysage politique démocratique autrichien.

Alors que les électeurs s'apprêtent à se rendre aux urnes le 29 septembre 2024, cette polémique rappelle les enjeux cruciaux de ces élections pour l'avenir de l'Autriche et son rôle au sein de l'Union européenne. Le résultat de ce scrutin pourrait avoir des implications significatives sur la direction politique du pays et son engagement envers les valeurs démocratiques européennes.

"Vouloir récupérer politiquement l'enterrement d'une personne privée – pour lequel le FPÖ n'a été impliqué d'aucune façon, que ce soit dans l'organisation ou la mise en œuvre – est irrespectueux et minable"

Le FPÖ a déclaré à l'agence de presse autrichienne APA

Dans un pays qui a connu l'annexion par l'Allemagne nazie en 1938 et une longue période de reconstruction démocratique après la Seconde Guerre mondiale, ces élections revêtent une importance particulière. Elles testeront la résilience des institutions démocratiques autrichiennes et la capacité du pays à faire face aux défis politiques contemporains tout en honorant les leçons de son histoire.

Mercer Bergeron

Politique