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Accord historique en Libye : Un nouveau gouverneur pour la Banque centrale

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Les factions rivales libyennes signent un accord pour nommer un nouveau gouverneur de la Banque centrale, mettant fin à une crise d'un mois. L'ONU appelle à protéger les ressources du pays des conflits politiques.

Dans un développement significatif pour la Libye, les deux camps rivaux ont conclu un accord le 26 septembre 2024, sous l'égide de l'ONU, pour la nomination d'un nouveau gouverneur de la Banque centrale. Cet accord marque une étape importante dans la résolution d'un conflit qui a paralysé le secteur pétrolier du pays pendant plus d'un mois.

La Libye, qui possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole en Afrique, a été plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays, avec une population d'environ 7 millions d'habitants, est depuis lors divisé entre deux gouvernements rivaux : l'un à Tripoli, reconnu par l'ONU, et l'autre dans l'est, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar.

La crise récente a débuté le 18 août 2024, lorsque les autorités de l'Ouest ont évincé le gouverneur Sadiq Al-Kebir. En réponse, leurs rivaux de l'Est ont imposé un blocus sur la production et les exportations pétrolières le 26 août. Cette action a entraîné une chute drastique de la production, passant de 1,2 million de barils par jour à seulement la moitié de ce volume à la fin du mois d'août.

L'accord signé nomme Naji Issa, un cadre de la Banque centrale de Libye (BCL), comme nouveau gouverneur. Cette nomination est cruciale car le gouverneur gère la manne pétrolière et le budget de l'État, qui sont répartis entre les différentes régions du pays. Il est important de noter que le secteur pétrolier représente environ 60% du PIB libyen, soulignant l'importance de cette nomination pour l'économie du pays.

Stéphanie Koury, cheffe par intérim de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (Manul), a souligné l'urgence de lever le blocus pétrolier et a appelé toutes les parties à protéger les ressources du pays des rivalités politiques. Cet appel est particulièrement pertinent étant donné que la Libye possède environ 3% des réserves mondiales de pétrole et est le troisième plus grand exportateur de pétrole d'Afrique.

La Banque centrale de Libye, fondée en 1956, joue un rôle crucial dans la gestion économique du pays. Le dinar libyen, introduit en 1971, reste la monnaie officielle malgré les turbulences politiques. L'accord prévoit que le Parlement entérine la nomination du gouverneur et de son adjoint, Marii Al-Barassi, dans un délai d'une semaine.

Cet accord intervient dans un contexte où la Libye tente de se reconstruire après des années de conflit. Le pays, qui s'étend sur 1,76 million de km² et partage des frontières avec six pays, fait face à de nombreux défis. Malgré ces difficultés, la Libye maintient le taux d'alphabétisation le plus élevé d'Afrique du Nord, à environ 91%, et abrite des projets ambitieux comme la Grande Rivière Artificielle, le plus grand projet d'irrigation artificielle au monde.

La communauté internationale, y compris l'ONU dont la Libye est membre depuis 1955, surveille de près ces développements. L'espoir est que cet accord contribuera à stabiliser l'économie libyenne et à ouvrir la voie à une résolution plus large du conflit qui persiste depuis la chute de Kadhafi il y a plus d'une décennie.

Angelique Labbé

Économie